souvenirs post-carboneLa boutique du CID² du Grand Hornu

Le carbone en héritage Les patrimoines sont des richesses insoupçonnées pour imaginer demain. Cette hypothèse est à la fois triviale et porteuse de réelles ruptures. Triviale parce qu’elle exprime le leitmotiv des très nombreuses opérations de muséographie, de collecte et de sauvegarde de la mémoire orale, technique et matérielle de l’industrie charbonnière, en Europe et ailleurs dans le monde. L’argument d’une richesse à sauver est légion. Il reste cependant pour une large part de l’ordre de l’intention. Un disque dur est une somme de mémoires. S’il n’est pas sollicité, il est un stock de carbone inerte.

Le projet de design fiction que les étudiants du DSAA de Villefontaine ont mené vise à mobiliser ce patrimoine pour pour construire les imaginaires possibles d'une société post carbone au Grand-hornu. En réponse aux problématiques environnementales qui sont devenues extrêmement lisibles aux yeux des citoyens du monde entier, qui constituent l’horizon des politiques publiques ou du monde marchand, l’univers patrimonialisé de la mine résonne d’une troublante actualité. Cette redécouverte à l’occasion de ce projet d’exposition est une invention à considérer sous un angle neuf, potentiellement radical, notre rapport collectif au carbone.

Sonder les archives du Grand Hornu Nous avons exploré le contenu des archives du Grand Hornu, un ensemble très hétéroclite de documents sauvegardés des ruines du site avant sa réhabilitation. Un authentique fatras, reste de collections dont les pièces jugées les plus intéressantes ont fait l’objet d’un classement dans des institutions plus à même de leur rendre justice (musée, archive générale de la Mine). Des pièces pauvres, en quelque sorte : peu de photographies, beaucoup de plans de bâtiments, des cadastres, des comptes rendus de transactions diverses. Et par là même, des documents riches de détails sur l’activité des mines sur le site du Grand Hornu. Intrigué par l’activité de l’« atelier de fabrication du Grand Hornu » qui œuvrait à la production de l’outil industriel lui-même, nous nous sommes laissés surprendre par la présence de l’eau dans ses galeries, objet de nombreuses attention, par la mesure fine des strates invisibles aux “terriens” et pourtant nommées en référence à ces derniers, la vitalité du site pour les mineurs et leur famille, humaine et économique, une activité d’écriture très dense et multiple sur les archives elles-mêmes ou encore la sourde présence d’une culture du danger qui détermine de nombreuses pratiques. Lieu de contacts de première importance avec ce carbone que nous questionnons collectivement aujourd’hui, la mine révélée par ces modestes archives s’est avérée créative, humaine autant que douloureuse et en tension avec elle-même.

Mettre en lien passé et futur par le design fiction Ce sont ces nœuds relationnels que nous avons cherchés à explorer et à projeter demain. Nous avons ainsi créé un dialogue entre ces traces passées et de potentiels futurs. Nous avons questionné ces documents en cherchant avant tout à percevoir comment ils ouvraient des brèches dans notre manière actuelle de penser notre lien social, culturel, technique, marchand, au carbone. Ces archives se sont petit à petit transformées en révélateurs de quelque chose que nous avions du mal à percevoir aujourd’hui. L’ingrédient que nous avons mobilisé pour que cette révélation opère un réel changement de cadre est le design fiction. Nous avons transposé ces indices dans de possibles futurs, cherchant à comprendre comment ils pourraient prendre vie dans un futur proche, où le lien humain au carbone aurait pris une forme encore inédite à ce jour. Des objets ont commencé à se dessiner en même temps que des pratiques inconnues à ce jour émergeaient dans nos ateliers.

Une boutique de souvenirs de futurs post-carbone Nous avons pris le parti de donner à ces objets un double rôle. Suggérer, d’abord, des pratiques pour de futurs possibles. Être le témoin de cette exposition, ensuite, dans sa forme la plus élémentaire, c’est-à-dire en tant qu’objets souvenirs ; mis en vente car c’est ainsi, entre autre, que se pratique le rituel de la création de la mémoire des visiteurs dans un Musée. Épicerie, papeterie, jeux et objets du quotidien transformés en supports de mémoire d’une visite sont les médiations classiques que nous avons visées avec enthousiasme. Il nous plaît d’imaginer que vous souhaitez emporter avec vous un de ces souvenirs. Et qu’il constitue une manière de prolonger le souvenir du passé minier du Grand Hornu sous la forme d’une invitation à vivre de manière renouvelée notre rapport au carbone, à l’extractivisme minier et, plus largement, à nos usages collectifs du sol profond.

Un projet de design fiction mené par 20 étudiant·e·s en design du DSAA de Villefontaine (FR), à partir des archives du Grand Hornu en mars 2022 dans le cadre de l'exposition Au charbon ! Pour un design post-carbone.
 Une démarche accompagnée par Making Tomorrow.

Les étudiant·e·s
Camille ADAM
Martin BEGUE
Romain BERTHELOT
Robin BLANC
Camille BOICHU
Quentin BONNET
Ameline BOUCHET
Naomi BOURGEOIS
Lucile CÔTE
Maëlys CREANTOR
Théo DELAMARE
Noémie GARCIA GALVEZ
Rose GAUTIER
Maëlys GLORO
Eva-kristie GOUSSARD
Louis MANOTTE
Capucine PELLISSIER
Julien PEREZ
Victorine SOURDRILLE
Marvin VINCENT

L’équipe pédagogique

Sandrine CHATAGNON
Eric FACHE
Jean-Baptiste JOATTON
Olivier WATHELET

Tous nos remericements à

Giovanna MASSONI
Amandine DAVID
Céline GANTY
Marie POK

et plus globalement aux équipes du CID du Grand Hornu pour leur confiance et leur accueil.

Contact : dsaa@designvillefontaine.com